jeudi 18 février 2021

réalisation d'illustrations archéologiques (!)

 Je viens de réaliser trois illustrations pour le journal Une Saison en Guyane dans le cadre d'un article sur l'archéologie des villages d'esclaves en Guyane.


Ci-dessous les trois illustrations, suivies d'un step by step pour expliquer ce projet un peu particulier. :)



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Le journal m'a mis en contact avec Elizabeth, archéologue Etats-Unienne de Philadelphie qui a travaillé sur un site en Guyane.
elle me transmet un article, des photos du site, des notes, des explications.
Comme deux aspects du village très différents sont mis en avant (la rue principale et les jardins dans lesquels se déroulent la vie sociale), je propose deux croquis différents.
Nous constatons que les personnages seront globalement vus de loin, il parait légitime de réaliser un croquis supplémentaire pour l'article avec les personnages en pieds sans décor.

 
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Suite à l'envoi de ces croquis, Elizabeth me met en contact avec sa collègue Gabby qui a également travaillé sur ce site.
elles m'envoient un pdf avec textes et images expliquant point par point ce qui va, ce qui ne va pas, ce qui devrait être un peu changé mais pas trop sur les croquis... 
(notamment : tels ou tels fruits et légumes présents dans les abatis et potager; pas de pécaris ni de cochon bwa, plutôt des poulets; peu de monde dans la rue : pas un lieu de vie; pas de séparation entre les jardins; deux portes aux maisons; jarres devant les maisons, ...)
Il n'est pas question ici d'improviser, il faut se baser sur des informations précises et les retranscrire au mieux, ce qui nécessite une certaine rigueur.


Je réalise quelques croquis par rapport à ce qu'elles m'ont envoyé, presque l'équivalent d'une prise de note dessinée.

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On prend rendez vous pour parler de tout ça de vive voix en visio (en comptant sur le décalage horaire, par rapport à moi qui suis en France métropolitaine : 5 heures de moins pour l'une, 7 heure de moins pour l'autre).
Prise de note, croquis réalisés à l'arrache en direct pour vérifier qu'on s'est bien comprises.

Les archéologues m'expliquent les enjeux sociaux, les natifs africains arrivés en Guyane, les enfants nés sur le territoire guyanais, les familles disloquées, la tentions émotionnelles avec la possibilité qu'un parent soit vendu sans son enfant, ou inversement, les séparations forcées, etc...
La rue sobre, froide, où on n'est que de passage comparé aux cours derrière les maisons avec les abatis où on faisait poussé des choses et où s'instaurée la vie sociale.

On se met d'accord pour choisir deux personnages ayant réellement exister pour le croquis des personnages en pied. (un couple "né en Afrique mais d'ethnies différentes. La femme était plus âgée et portée des scarifications traditionnelles au visage".


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Je réalise les croquis revus d'après ce qu'on a dit.
Cleanage, petites retouches, et envoi pour avis et validation.






Proposition de deux croquis différents pour l'homme.

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Une fois qu'on s'est mise d'accord, les dessins sont imprimés en bleus pour encrage au critérium.


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Mise en couleur informatique : pas plus rapide qu'une mise en couleur traditionnelle à l'aquarelle, mais si on a besoin de faire une retouche couleur ça rend les choses moins compliquées.
Je vous passe les étapes silhouettages et applats pour passer directement au rendu.




Je propose ces images par rapport à ce qu'on m'a dit, par rapport à la documentation qu'on m'a donné et que j'ai trouvé...et deux versions sépia du portrait du couple.

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On se rend compte qu'il y a eu un quiproquo sur les vêtements : les panguis attachés autour des hanches et sur les têtes des personnes n'étaient pas de couleur claire : ils étaient utilisés constamment pour toute sorte de tâches et auraient été trop vite salis si ils avaient été clairs.
Au contraire ils étaient colorés, parfois avec des motifs (je choisis de ne pas ajouter de motif : les personnages étant vus de loin j'ai peur qu'un motif donne un effet fouillis).

Les tenues sont retravaillées en prenant garde de limiter le nombre de couleur malgré tout afin de garder une certaine harmonie dans les couleurs des images.

* dernière modification : les pierres sur lesquelles étaient construites les maisons n'étaient pas pâles, mais plus de la couleur de la terre.
Ici encore il faut trouver un équilibre entre réalisme et lisibilité de l'image afin de garder une harmonie et un contraste.

(les images définitives sont en haut de l'article)


et voilà.

encore un grand merci à Elizabeth, Gabby, et Pierre-Olivier du journal Une Saison en Guyane !


Alex-Imé





 

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