samedi 30 septembre 2023

Punk Project, bilan dix ans plus tard

 *attention, avant de regarder ces planches : certaines images de cette bande dessinée contiennent des scènes de scarification et peuvent évoquer le suicide*


























En 2013, j'avais commencé à écrire et à dessiner une bande dessinée : le "Punk Project" (initialement pour les éditions Glénat, qui n'ont finalement pas donné suite, puis pour un journal de prépublication de bande dessinée qui a fait faillite. J'ai arrêté le projet à ce moment là).

Ce projet parlait d'une adolescente esseulée et triste, qui tente comme ultime recours pour attirer l'attention et pour lancer une bouteille à la mer, de se faire un look "punk" pour une journée.
Il va sans dire que sa tentative tombe à l'eau, et la renvoie plus loin dans les méandres de sa solitude et de sa sensation de rejet.
Le projet parle aussi de ses automutilations et de sa réflexion sur l'idée du suicide.

Un ami m'a récemment offert les premiers tome du manga "Life" de Keiko Suenobu, qui aborde des thèmes autour du harcèlement scolaire, de la dépression et de l'auto mutilation.
Par certains côtés j'ai eu l'impression d'être replongée dans l'histoire que j'avais commencé à écrire.

Dix ans après, il est peut-être temps que je le ressorte de mes placards, ne serait-ce que pour (re)partager les planches qui avaient été faites à l'époque.

Dix ans après, la parole autour de la santé mentale s'est beaucoup libérée (et c'est tant mieux). J'ai l'impression qu'on se moque moins de certaines situation de vie, qu'on apprend à les considérer avec plus de sérieux (je me rappelle avoir été interpelée par un dialogue dans le film "Virgin Suicide", où plusieurs adultes devant leurs adolescents en deuil, se moquent en disant, en somme, "quels problèmes peut-on bien avoir quand on est adolescent ?")

J'en profite pour placer, comme un cheveux sur la soupe, une info qui me concerne, qui pourra peut-être aider certaines personnes : beaucoup de psychologues, psychiatres et médecins en général, négligent trop souvent l'impact des hormones et des syndromes menstruels sur la santé mentale les jeunes filles et les femmes.
Pendant des années, une fois par mois, j'ai eu pendant 4 à 6 jours des passages à vides et dépressifs si aigus que j'étais mentalement paralysée et que j'avais des idées suicidaires.
Les symptômes étaient de pire en pire, de plus en plus violent au fil des années. (donc le "ça passera avec l'âge"...non : c'était pire. Et pour en avoir parlé avec des amies, je ne suis pas la seule a avoir constaté que les syndromes prémenstruels, qu'ils soient physiques ou mentaux pouvaient s'accentués avec le temps).
J'ai interpelé plusieurs psy et gynécologues pour avoir leurs avis sur le rôle de mes règles dans ces histoires de dépressions mensuelles, toujours à la même période du mois.
Je dois préciser que systématiquement, juste après que cette période de quelques jours soit passés, j'avais une sorte de boost d'adrénaline, de joie intense et d'énergie. Bref, pas une situation qui fait penser à une dépression "classique" installée.
Aucun ne m'a pris au sérieux.
Pire, on m'a poussé à aller m'introspecter pour trouver le pourquoi du comment d'un potentiel problème et on m'a poussé à presque m'inventer des problèmes de vie pour justifier ça.

Depuis 4 ans je prend une pilule contraceptive "en continu" qui a pour moi un but d'anti-dépresseur, qui fait que je n'ai plus de règles, ni aucun symptômes de règle (et Hallelujia. Le côté "tu as tes règles, soit heureuse et bénie-les" ça va 5 minutes quand on est en souffrance et qu'on connait toutes les galères qui vont avec les menstruations).
Hé bien vous savez quoi ? Je n'ai plus jamais eu ces épisodes dépressifs intenses qui arrivaient et repartaient soudainement, depuis que je prend ces hormones (et la seule fois où cette situation est revenue, en un claquement de doigts, c'est quand une gynéco a voulu me faire arrêter ce traitement).

Je ne tiens pas particulièrement à raconter ma vie, mon intimité, ou quoi qu'est-ce. Je ne tiens pas non plus à pousser les gens à prendre des médicaments ou à se tourner d'emblée vers les hormones.
Je ne dis pas non plus que c'est une solution miracle.
Je dis juste que parfois, quand on croit qu'on a un soucis mental, ça peut parfois être en grande partie lié à un soucis de dérèglement hormonal (ou même à un soucis dans le corps en général. Par exemple, moi, j'enchaine les otites, angines et nerfs qui se pincent depuis 5 mois, hé bien croyez bien que parfois ça commence à me peser sur le moral, même quand tout va bien à côté), et quand une simple pillule quotidienne peut vous éviter d'avoir envie de vous jeter par la fenêtre 84 jours par an (hé ouais, quand même...), ça peut valoir la peine de tester.

* Pour les personnes qui auraient besoin d'une aide psychologiques, voici un lien vers une liste de numéro vert, de ligne d'écoute : https://www.gouvernement.fr/egalite-outremer/besoin-de-parler-etou-d-une-ecoute#:~:text=0%20800%20235%20236%2C%20un,le%20fil%20sant%C3%A9%20par%20tchat.&text=De%2021h%20%C3%A0%202h30%20%2C%20Nightline,confidentiel%2C%20gratuit%2C%20sans%20jugement.
Certains centre d'aides sociaux, comme les CIDF, centre d'aides aux femmes et aux familles, proposent également parfois un suivi psychologique "en présentiel" gratuit.

Bon courage à tous, bonne journée, et force et honneur. ♥

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire